Construction du bâtiment par l’architecte Georges Brera dans le cadre de la mise en place d’un programme d’assainissement des eaux du Canton.
Le bâtiment Porteous est en fonction pour traiter la dernière partie du système d’épuration des boues. Le traitement thermique nommé “PORTEOUS” est un procédé anglais développé dans les années 1950, dont le bâtiment prend le nom.
Le procédé de traitement des boues devient rapidement obsolète et le bâtiment Porteous se voit transformé en centre de désodorisation.
Suite à la construction d’une nouvelle station d’épuration, le site de Porteous est définitivement abandonné et passe de la propriété des Services Industriels de Genève à celle du Canton de Genève. Porteous devient alors le domaine privilégié de la petite faune, de la végétation et de l’exploration urbaine.
Le mouvement “Prenons la ville” organise à Genève des manifestations et des occupations pour revendiquer une ville conçue par et pour ses habitant·e·x·s suivant le principe du “Droit à la ville” défendu par le sociologue Henri Lefebvre.
Dans le cadre de ce mouvement et pour protester contre le projet carcéral que le Canton destine au site de Porteous, le bâtiment est occupé par abordage à la fin de la “course aux radeaux”, course traditionnelle qui se tient chaque année fin août sur le Rhône.
Les mois d’occupation permettent l’expérimentation du lieu sur place, au sein même du bâtiment, à travers des évènements sociaux et culturels, des chantiers, l’ouverture et la découverte des espaces, l’organisation d’une vie collective sur le site et des négociations avec l’Etat.
À la suite des négociations entre le collectif occupant et l’Etat, le projet de centre carcéral est abandonné au profit d’un centre social et culturel. L’occupation est levée en échange de la garantie de participer à la transformation du site et de pouvoir poursuivre les activités culturelles à l’extérieur du bâtiment.
Une commission inédite est créée pour réunir l’association Porteous et les instances étatiques et partenaires afin d’esquisser une proposition pour le futur du bâtiment. Des principes forts sont adoptés : une démarche de pas à pas pour le développement du projet, garantissant l’ouverture d’un espace après l’autre pour offrir une utilisation et une expérimentation constante du lieu. En parallèle, deux conteneurs (un stock d’outils et une buvette) sont installés sur les quais pour accueillir la programmation extérieure.
Une demande de fonds déposée en 2021 à la Fondation pour la promotion de lieux pour la culture émerge (FPLCE) lance la rénovation du premier espace situé au rez-de-chaussé inférieur du bâtiment, le local associatif le “Chic&Shlag”. Les travaux sont réalisés avec l’aide du bureau d’architectes Sujets Objets/ et sont en partie effectués lors de chantiers participatifs. Dès 2023, une subvention du Département de la Cohésion Sociale permet de créer des petits postes de coordination au sein de l’association et lance un début de professionnalisation.
Le “Chic&Shlag” est inauguré en grandes pompes. Espace modulable et lumineux, il fait office à la fois d’interface d’accueil pour les publics, d’écrin pour abriter la programmation et de porte d’entrée sur la suite des réflexions pour la transformation du bâtiment.
Grâce à une nouvelle subvention de la FPLCE, une étude de faisabilité est réalisée mêlant expert·e·x·s, publics et association pour étudier les potentiels techniques, d’usages et d’organisation à mettre en œuvre pour la rénovation globale du bâtiment et de son site. Parallèlement, la programmation culturelle et sociale tout comme l’accueil des publics s’intensifient à la belle saison. La première association alliée, UltraRécup, spécialisée dans le réemploi des matériaux, est accueillie sur le site.
La rénovation d’un second espace, situé au rez supérieur du bâtiment, est prévue pour accueillir un atelier fonctionnel. La programmation continue d’explorer les multiples usages que peut offrir le site, en collaboration avec des projets partenaires. Dans les coulisses s’opèrent la préparation d’un projet de loi visant à débloquer des fonds d’investissement pour la rénovation de l’entièreté du bâtiment et la création de la future Fondation Porteous qui recevra la propriété du site et le crédit de rénovation.
